- ROUMANIE - Actualité (1990-1996)
- ROUMANIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique de RoumaniePolitique intérieureDepuis la chute de Nicolae Ceau ずescu en décembre 1989, le Front de salut national (F.S.N.) dirige le pays.Le 23 janvier 1990, le F.S.N., avec à sa tête Ion Iliescu, annonce son intention de se présenter en tant que tel aux élections. La dissidente Doina Cornea en démissionne aussitôt. Le 27, l’acte d’accusation lu à l’ouverture du procès de 4 anciens dignitaires du régime Ceau ずescu cite un bilan précis des victimes de l’insurrection de décembre: 689 morts et 1 200 blessés. Ces chiffres contredisent le «génocide» de 60 000 morts évoqué pendant les événements. Le 28, une importante manifestation de l’opposition demande le retrait du F.S.N.Le 20 mars, à Tîrgu Mure ず, ville transylvanienne, une manifestation d’environ 5 000 Roumains de souche hongroise se heurte à 2 000 nationalistes roumains; ceux-ci les agressent et saccagent les boutiques appartenant aux Magyars, qui composent la moitié de la population de la ville. Plusieurs personnes trouvent la mort au cours de scènes d’une grande violence. Les blindés doivent intervenir pour rétablir l’ordre.Le 22 avril, la télévision diffuse une version du procès des époux Ceau ずescu plus complète que celle qui avait été montrée en décembre 1989. On assiste aux derniers moments de ceux-ci. Ce film contribue, dans sa cruauté, à ternir l’image du nouveau régime, alors que les manifestations contre le F.S.N. et Ion Iliescu prennent de l’ampleur, réclamant le départ des anciens communistes toujours au pouvoir.Le 20 mai se déroulent les premières élections libres depuis plus de 50 ans. Ion Iliescu est élu président de la République par 85,07 p. 100 des voix, contre 10,64 p. 100 à Radu Campeanu (national-libéral) et 4,29 p. 100 à Ion Ratiu (national-paysan). Aux législatives, le F.S.N. obtient 233 sièges de députés, écrasant ainsi les partis «historiques», Parti libéral (29 sièges) ou Parti paysan (12 sièges). De nombreux Roumains de souche hongroise ont voté pour l’Union démocratique magyare, qui recueille 29 sièges.Le 13 juin, les forces de l’ordre chassent brutalement de la place de l’Université les contestataires qui y campent depuis le 22 avril. Dans la journée, de nouveaux manifestants investissent la place tandis que plusieurs milliers de personnes prennent d’assaut l’immeuble de la télévision. Des affrontements se déroulent toute la nuit entre manifestants et forces de l’ordre. Le 14, répondant à l’appel de Ion Iliescu lancé la veille, quelque 7 000 mineurs de la vallée du Jiu arrivent à Bucarest par trains spéciaux. Ils font régner la terreur dans la ville pendant 2 jours. Le 15, l’ordre est revenu à Bucarest. Le président Iliescu remercie les mineurs pour avoir réprimé des troubles fomentés par les «forces de droite de l’étranger». Le 28, Petre Roman, Premier ministre sortant, présente son nouveau gouvernement, composé de jeunes technocrates non compromis avec l’ancien régime. Annonçant son programme devant le Parlement, Petre Roman met l’accent sur la politique économique, qu’il affirme devoir être libérale.Le 25 septembre 1991, les mineurs envahissent de nouveau Bucarest, manifestant contre la politique d’austérité. Ils assiègent le palais gouvernemental protégé par les blindés. Le 26, Petre Roman présente la démission de son gouvernement. Le 27, le président Iliescu signe un accord avec Miron Cosma, le chef des mineurs. Ces derniers regagnent leur province le lendemain.Le 1er octobre, le président Iliescu nomme Premier ministre Theodor Stolojan, ministre de la Privatisation dans le gouvernement de Petre Roman. Le Parti national-libéral est la seule formation de l’opposition acceptant de participer au nouveau gouvernement formé le 15.Le 21 novembre, le Parlement adopte une nouvelle Constitution, qui garantit les droits de l’homme et prévoit une économie de marché.En mars 1992, le F.S.N., de plus en plus contesté, se scinde: le président Iliescu fonde le Front démocratique du salut national (F.D.S.N.) et Petre Roman dirige le nouveau F.S.N. Le 27 septembre se déroulent les élections générales: le F.D.S.N. obtient 114 sièges, la Convention démocratique d’Emil Constantinescu, principal parti d’opposition anticommuniste, 82, et le F.S.N. 43. Les 2 formations nationalistes extrémistes effectuent une percée, totalisant 46 sièges. Le 11 octobre, lors du second tour de l’élection présidentielle, Ion Iliescu est réélu président avec 61 p. 100 des suffrages contre 39 p. 100 pour Emil Constantinescu. Le 3 novembre, Nicolae Vacaroiu devient Premier ministre.Le 30 mai 1993, Petre Roman annonce que le F.S.N. s’appelle désormais le Parti démocratique.Le 2 août, les mineurs de la vallée du Jiu se mettent en grève afin d’obtenir une hausse substantielle de leurs salaires, mais reprennent le travail le 11 sans avoir obtenu satisfaction.Le 3 novembre 1996, l’opposition, conduite par la Convention démocratique de Roumanie (C.D.R.) du chrétien-démocrate Emil Constantinescu et l’Union sociale-démocrate (U.S.D.) de l’ancien Premier ministre Petre Roman, remporte les élections législatives avec, respectivement, 31 p. 100 et 13 p. 100 des suffrages. Le Parti de la démocratie sociale du président Iliescu obtient 22 p. 100 des voix; l’Union démocratique magyare 6,7 p. 100; les nationalistes du Parti de la grande Roumanie 4,5 p. 100 et ceux du Parti de l’union nationale 4,2 p. 100. Les ex-communistes, les agrariens et les libéraux n’ont plus d’élus. La C.D.R. et l’U.S.D. détiennent la majorité absolue au Parlement. Il s’agit de la première alternance politique démocratique à la tête du pays depuis 60 ans.Le 17 novembre, Emil Constantinescu, qui était opposé à Ion Iliescu, remporte le second tour de l’élection présidentielle, avec 54 p. 100 des suffrages. Petre Roman et György Frunda, candidat de l’Union démocratique magyare, s’étaient désistés en faveur d’Emil Constantinescu à l’issue du premier tour, le 3.Le 19 novembre, Emil Constantinescu nomme Premier ministre le chrétien-démocrate Victor Ciorbea, maire de Bucarest. Son gouvernement comprend 2 membres de l’Union démocratique magyare.Vie économiqueEn 1990, l’économie exsangue héritée de Ceau ずescu ne peut opérer son rétablissement. Le gouvernement de Petre Roman n’est pas en mesure de moderniser un appareil de production qui a pris 20 ans de retard, les investissements ayant été sacrifiés à la volonté obsessionnelle du dictateur d’éliminer l’endettement extérieur. Les atermoiements du nouveau pouvoir contribuent à cette carence. Le 18 octobre, devant l’urgence, des décisions sont prises. La monnaie est à nouveau dévaluée, de 75 p. 100. Les prix de détail augmentent de 100 à 120 p. 100, mais certains restent bloqués. Le pays s’ouvre au capital étranger.En 1991, c’est le côté négatif des réformes entreprises en vue d’une adaptation à l’économie de marché qui se manifeste. Les prix augmentent plus que les salaires; la production industrielle paraît encore en pleine désorganisation. Le mécontentement populaire se nourrit de ces difficultés. En février, le Parlement adopte une loi de dédommagement des personnes dont les terres avaient été confisquées par le précédent régime. En mars, le gouvernement accorde à la banque centrale des pouvoirs qui lui permettront de mener de façon indépendante la politique monétaire. En avril, un impôt sur le revenu des ménages est créé. En juillet, une loi sur les privatisations est adoptée. Après la révolte des mineurs en septembre, un gel des prix est annoncé pour les produits de première nécessité. La ligne de réformes à marche forcée prônée par Petre Roman est abandonnée.En 1992, le gouvernement poursuit l’évolution «à petits pas» vers l’économie de marché. Le 1er mai, 25 p. 100 des subventions concernant les prix des produits et services de base sont éliminés, dans le cadre d’un programme de libéralisation qui s’étale sur 4 ans. Des mesures de libération des taux d’intérêt et du marché des changes sont prises. Le gouvernement s’efforce d’accélérer les privatisations. Les bons résultats économiques de l’année valent à la Roumanie la faveur des institutions multilatérales.En 1993, la récession amorcée à la fin du régime communiste se termine et la croissance devrait s’affirmer en 1994. Le redressement reflète en particulier une augmentation de 11 p. 100 de la production agricole, tandis que la production industrielle aurait dépassé son point bas. Toutefois, l’inflation est en hausse, la balance commerciale déficitaire. La chute de la production industrielle depuis 1990 est évaluée à 50 p. 100. Les difficultés de la Roumanie viennent surtout des hésitations du gouvernement à adopter des réformes ou à les mettre en application. En octobre, le Congrès des États-Unis rétablit au profit de la Roumanie la clause de la nation la plus favorisée, supprimée en 1988 en raison des atteintes aux droits de l’homme.En 1994, le gouvernement s’engage plus résolument sur la voie des réformes économiques auxquelles est subordonné l’octroi d’un prêt du F.M.I. d’un montant de 700 millions de dollars. Les investissement étrangers sont encouragés, le processus de privatisations est accéléré ainsi que la liquidation des entreprises non rentables. La croissance se maintient, quoique à un niveau faible, et l’inflation diminue. Toutefois, la baisse du niveau de vie provoque des mouvements sociaux.En 1995, des mesures de rigueur budgétaire et monétaire n’empêchent pas l’apparition d’un phénomène de surchauffe qui se traduit par un accroissement de l’inflation et un creusement du déficit extérieur. Cette situation provoque le gel de l’aide des institutions financières multilatérales. Le programme de privatisations de masse est lancé en juillet. La Bourse de Bucarest est rouverte en novembre.Le fait que 1996 soit une année électorale n’est pas propice à l’accélération des réformes économiques, qui piétinent. Seule une faible part du programme de privatisations est engagée, et l’industrie demeure à 90 p. 100 dans le secteur public. La remise en état des infrastructures est au point mort. La croissance se tasse. L’inflation reprend. Les exportations diminuent.Relations internationalesLe 17 novembre 1993, la Roumanie devient le quatrième pays de l’Europe de l’Est associé à la Communauté européenne.Le 26 janvier 1994, la Roumanie est le premier pays de l’ex-bloc socialiste à signer le Partenariat pour la paix avec l’O.T.A.N. (consistant à associer les pays membres de l’ancien pacte de Varsovie à certains exercices militaires de l’O.T.A.N. et à des opérations de maintien de la paix en échange de leur adhésion aux valeurs des démocraties occidentales).Le 6 mars, 75,1 p. 100 des électeurs moldaves participent au référendum sur l’indépendance de leur pays que les partisans du rattachement à la Roumanie avaient décidé de boycotter; 95,4 p. 100 des votants se prononcent pour l’indépendance.En avril, Ion Iliescu se rend en visite officielle à Paris, rompant ainsi l’isolement de son pays. Il rappelle son opposition aux raids aériens de l’O.T.A.N. sur la Bosnie contre les forces serbes, invoquant les «liens historiques» unissant son pays au «peuple serbe».Le 11 mai, la Roumanie conclut un accord d’association avec l’Union européenne, qui entre en vigueur le 1er février 1995.Le 22 juin 1995, la Roumanie dépose sa demande d’adhésion à l’Union européenne.Le 16 septembre 1996, la Roumanie signe un traité d’amitié et de coopération avec la Hongrie, consacrant ainsi la normalisation des relations entre ces 2 pays que de nombreux contentieux opposaient jusqu’alors.
Encyclopédie Universelle. 2012.